Les porcs expriment un stress thermique à travers différents signes facilement identifiables. Cet état peut induire une baisse générale des performances, voici quelques éléments et chiffres pour bien comprendre son impact.
En période estivale, la température grimpe et le risque d’inconfort thermique pour les animaux grandit. Comprendre ce qu’est le stress thermique chez le porc, c’est aussi savoir en reconnaître les signes et connaître ses effets sur la santé des cochons mais aussi sur les performances de croît et de reproduction.
Qu’est-ce que le stress thermique en élevage porcin ?
Le stress thermique survient lorsque la température ambiante et/ou l’hygrométrie sont trop élevées. Ce stress est préoccupant chez les porcs, car ces derniers ne possèdent pas de glandes sudoripares fonctionnelles pour les aider à réguler leur chaleur corporelle. En plus de l’inconfort des animaux, les performances techniques de l’élevage s’en trouvent dégradées (IC, GMQ, reproduction) avec le risque de perte d’animaux en cas de fort coup de chaleur. Il est donc important pour les éleveurs de pouvoir identifier les signes du stress thermique chez leurs animaux.
Les signes du stress thermique :
- Augmentation de la consommation d'eau
- Chute rapide de la consommation alimentaire et diminution des gains de poids
- Porcs couchés de tout leur long
- Porc cherchant des zones de repos fraîches
- Humidification des sols par l’eau disponible ou les déjections
- Bagarres pour l’accès aux abreuvoirs
- Changement dans la consistance des déjections
- Diminution de l’activité, porcs léthargiques
- Augmentation de la température corporelle
- Respiration haletante
- Augmentation du rythme cardiaque
Un stress thermique trop important peut conduire à un coup de chaleur.
Il est possible de mesurer (et donc d’anticiper) le risque d’un stress thermique chez les animaux d’élevage via le calcul du THI (Temperature Humidity Index), qui associe température et hygrométrie extérieures.
- L’indice THI se calcule selon la formule suivante : THI = (1,8*T+32)-[(0,55-0,0055*U)*(1,8T- 26)]
- Avec T : température de l’air en °C, et U : humidité relative en %.
Plus le score THI est élevé, plus le risque est fort. Les valeurs seuils de sensibilité des animaux au risque thermique varient néanmoins suivant l’espèce, mais également la race et le stade physiologique. Pour le porc à l’engraissement et la truie, on obtient ainsi deux tables de THI différentes.
Qu’est-ce qu’un coup de chaleur en élevage porcin ?
Faute de pouvoir transpirer, le porc évacue le trop plein de chaleur en hyperventilant. Cette hyperventilation favorise la perte d’eau (par l’air que l’animal expire). La déshydratation engendrée peut causer des troubles électrolytiques et une modification de l’équilibre du pH sanguin qui, à leur tour, peuvent entraîner des désordres cardiaques et nerveux (œdème cérébral par exemple). Dans les pires cas de figure, le coup de chaleur peut conduire à la mort de l’animal.
D’autre part, la redistribution du débit cardiaque vers la peau et les muscles réduit la vascularisation de l’appareil digestif, diminuant ainsi son fonctionnement et entraînant l’affaiblissement du rôle de barrière de la muqueuse. Dans ces conditions, des produits microbiens (bactéries, toxines) peuvent circuler dans l’organisme, provoquant une réaction inflammatoire brutale qui peut déclencher un dysfonctionnement des organes, des troubles nerveux, un coma voire la mort de l’animal. Il est donc essentiel pour les éleveurs de pouvoir identifier les signes du coup de chaleur chez leurs animaux afin de pouvoir réagir au plus vite.
Les signes du coup de chaleur :
- Respiration rapide et saccadée
- Détresse respiratoire (respiration la gueule ouverte, coup de flanc)
- Hyperthermie
- Rigidité musculaire, tremblements
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Je découvreUne dégradation des performances techniques
La température est le principal facteur climatique affectant le niveau d’ingestion des porcs. Une augmentation de la température au-dessus de la limite supérieure de la zone de confort thermique entraîne une baisse d’appétit marquée par une dégradation des performances techniques. Pour les truies, les performances de reproduction sont également impactées. Le risque de stress thermique est également plus fort sur paille que sur caillebotis, une température de 24°C sur caillebotis intégral équivalant à 18°C sur paille. De même, une densité élevée favorise le stress thermique.
Les températures élevées entraînent une baisse d’appétit et réduisent la consommation d’aliment du porc en croissance qui, par voie de conséquence, dégrade les performances de croissance, notamment le GMQ (Gain Moyen Quotidien). Pour la truie en lactation, la perte de poids peut-être plus importante avec des répercussions possibles sur le cycle de reproduction suivant, ainsi qu’une baisse du rendement laitier et du poids des porcelets au sevrage. Les effets sur la fertilité et la prolificité des animaux reproducteurs sont également visibles. La chaleur peut provoquer des troubles de fécondité chez la truie après le sevrage. La qualité de la semence des verrats est également affectée par des chaleurs estivales intenses.
Un impact économique négatif
Des épisodes de chaleur en été peuvent entraîner une réduction du GMQ des porcs charcutiers dans les semaines qui suivent. Chez la truie, les carences entraînent une baisse de la fertilité (coût d’une truie vide écho : 731 €), de la prolificité (coût d’un porcelet en moins : 62 €), des avortements (coût d’une truie réformée : 885 €), voire des difficultés à la mise-bas, en cas d’anémie ou de manque de calcium. Elles pénalisent aussi les cochettes et provoquent une augmentation des syndromes de deuxième portée. Enfin, les animaux qui meurent les premiers sont les plus lourds, soit ceux qui ont le plus de valeur : les truies allaitantes et, éventuellement, gestantes, ainsi que les porcs charcutiers en finition. Or la perte d’une truie en fin de gestation est estimée à 1 087 € et celle d’un charcutier en finition à 152 € (source : IFIP, 2019).
Les épisodes de surchauffe réguliers, sans stress thermique aigu, ont également un impact négatif sur la santé du cheptel et sur ses performances avec des répercussions sur plusieurs mois de l’année. Les investissements pour empêcher les élévations importantes de températures ne valent donc pas que pour quelques jours de l’année.
Si ces épisodes de stress thermiques aigus ont des impacts négatifs visibles et facilement chiffrables, le stress thermique chronique impacte également la santé et les performances du cheptel. Les investissements réalisés pour lutter contre le stress thermique doivent donc prendre en compte les effets sur le long terme et pas seulement les jours les plus chauds de l’année.
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