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Le stress thermique en volaille

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Lorsque la température est anormalement élevée, les volailles ne parviennent plus à réguler leur température corporelle. Les performances zootechniques sont alors dégradées et dans les cas extrêmes, une augmentation de la mortalité peut survenir. Une forte humidité relative, combinée à une température élevée accroit le phénomène de coup de chaleur. L’index THI (Température Humidity Index) permet d’évaluer le niveau de risque pour les animaux.


Comment définir le phénomène du coup de chaleur en aviculture ?

Il faut distinguer l’accident d’élevage, induit par un arrêt de la ventilation suite à une panne ou à une coupure de courant, du coup de chaleur provoqué par des conditions météorologiques extrêmes.

L’accident d’élevage peut intervenir en toute saison et quel que soit l’âge des volailles. Dans ce cas, l’arrêt de la ventilation provoque une très forte dégradation de l’ensemble des paramètres d’ambiance (hausse de la température, appauvrissement de l’air en oxygène et augmentation de l’humidité relative, de la poussière et des gaz toxiques). L’élévation de la température n’est pas la seule cause de mortalité : on parle ainsi communément de mortalité par étouffement.

Dans le cas du coup de chaleur estival, la situation est différente car la ventilation fonctionne en principe normalement et est même souvent à sa capacité maximale. L’air est donc renouvelé et les paramètres d’ambiance sont dans l’ensemble plutôt maîtrisés à l’exception de la température.

L’élévation de la température ambiante provoque une hausse de la température corporelle de l'animal aboutissant à une altération du bien-être, à des baisses de performances zootechniques et peut conduire à une augmentation de la mortalité.

Les augmentations de mortalité touchent dans 80 à 90 % des cas les élevages de poulets de chair et les baisses de performances concernent toutes les productions à des degrés divers selon l’espèce.


    Quels sont les principaux facteurs de risque en aviculture ?

    • l’espèce : le poulet est plus sensible que la dinde ou le canard
    • la souche : les souches à croissance lente sont moins sensibles
    • l’âge des volailles : avant 3 semaines le risque est très faible, y compris pour le poulet à croissance rapide
    • la densité : la promiscuité nuit à la circulation de l’air. Plus la charge animale est importante, plus la production de chaleur par les volailles est élevée
    • le bâtiment, ses équipements et son environnement : l’isolation, le volume d’air intérieur, le mode de ventilation ou encore l’implantation du poulailler sur le terrain…

    Comment les volailles régulent-elles leur température corporelle ?

    A l'âge d'un jour, la température corporelle (ou rectale) des poussins se situe entre 38 °C et 39 °C. Progressivement, elle s'élève, puis se stabilise entre 40,5 et 41,5 °C, vers l'âge de 21 jours.
    Des transferts de chaleur vont nécessairement s'établir entre le corps des volailles et l'ambiance.
    Pour un fonctionnement optimal des organes vitaux, il est important que les pertes de chaleur soient identiques à la production de chaleur des volailles : on parle d’équilibre thermique.

    Si l’on se place dans la situation de volailles adultes en situation d’équilibre thermique, les échanges de chaleur vont se faire :

    • par convection, par les mouvements de l'air, au travers des plumes. La convection augmente avec la vitesse de l’air.
    • par conduction, par contact de certaines parties du corps, les pattes et la poitrine, avec la litière ou le sol. La conduction diminue quand la densité animale augmente du fait des contacts entre animaux. Elle augmente lorsque les animaux boivent de l’eau froide.
    • par rayonnement de l’animal vers les parois ou les litières plus froides. 

    L’ensemble des pertes par convection, conduction et rayonnement est estimé à 75%

    • par l’excrétion fécale à hauteur de 5%
    • par la respiration à hauteur de 20%

    Que se passe-t-il en situation de coup de chaleur en aviculture ?

    Comme l’oiseau produit constamment de la chaleur, il faut que celle-ci “s’évacue” régulièrement, sinon la température corporelle s’élève (notion de température d’ambiance critique supérieure).

    Lorsque la température ambiante dépasse 23 °C, le premier réflexe de l'animal est de limiter ses apports énergétiques en diminuant sa consommation alimentaire.

    Les oiseaux ne possèdent pas de glandes sudoripares, et leur seul mécanisme pour accroître leurs pertes de chaleur en situation chaude, est de vaporiser de l’eau au niveau des voies respiratoires. Cette augmentation des pertes évaporatoires en périodes chaudes est associée à un accroissement du rythme respiratoire.

    Au-delà de 25 °C, l'évaporation devient le mode d'élimination de chaleur le plus important. Plus la température ambiante augmente, plus les pertes de chaleur par évaporation deviennent l'unique mécanisme de lutte.

    Une humidité relative élevée réduit les possibilités d’évaporation et accroît donc la sensation de stress thermique.

    Pour que les pertes par évaporation aient lieu, il faut que la consommation d’eau soit optimale.

    Le rythme respiratoire des volailles peut ainsi passer de 25 inspirations par minute en situation d’équilibre thermique à 200 en situation de stress thermique chaud.

    Les pertes de chaleur par la respiration sont alors estimée à 80%, mais elles ne suffisent pas à stabiliser la température corporelle qui peut ainsi monter jusqu’à 46-47 °C.

    A ce stade, les échanges gazeux respiratoires sont insuffisants, l’équilibre acido-basique du sang est altéré, et l’animal meurt par arrêt cardiaque ou respiratoire.


    Quelles sont les conditions climatiques extérieures qui conduisent au coup de chaleur en aviculture ?

    Différents éléments entrent en jeu :

    • Pic de température
    • Taux d’hygrométrie élevé
    • Absence de vent (surtout en ventilation statique)
    • Rayonnement solaire
    • Amplitude et durée du phénomène…

     

    La température et l’hygrométrie extérieures peuvent être associées pour évaluer de manière assez synthétique le niveau de risque sous la forme d’un index appelé THI (Température Humidity Index)

    L’indice THI se calcule selon la formule suivante : THI = (1,8*T+32)-[(0,55-0,0055*U)*(1,8T- 26)]

    Avec T : température de l’air en °C, et U : humidité relative en %.

    Plus THI est élevé, plus le risque est fort.

    En production de volailles 4 niveaux de risque peuvent être définis :

    • THI < 65 : absence de risque
    • THI 66 à 72 : risque modéré
    • THI 73 à 78 : risque sévère
    • THI > 78 : risque très sévère

    Ces seuils d’alerte peuvent être modérés selon les espèces, leur stade physiologique et le niveau d’équipement du bâtiment d’élevage.

    Appréciation du niveau de risque pour les productions avicoles par l’index THI

    4 niveaux de risque peuvent être établis pour les volailles et au-delà d’un index THI de 73, le risque de coup de chaleur est sévère.


    Quels paramètres faut-il maitriser dans le bâtiment d’élevage en production avicole ?

    • La température : en fin de bande, une température de 30 à 31°C l’après-midi est supportable si tous les autres paramètres d’ambiance sont respectés et que la nuit, les conditions sont favorables.
    • L’humidité relative (ou hygrométrie = niveau de saturation de l’air à une température donnée exprimé en %). Si le taux d’hygrométrie est trop élevé, la thermorégulation par voie pulmonaire est altérée. Le seuil haut à ne pas dépasser est d’environ 70% à 30°C. Ce seuil doit être particulièrement surveillé dans le cas du refroidissement évaporatif par brumisation.
    • Le renouvellement d’air : il doit être suffisant pour évacuer la chaleur dégagée par les volailles et éviter l’accumulation des gaz et de la vapeur d’eau en excès. En bâtiment dynamique, le débit réel recherché est d’environ 5 mᶟ/h/kg de poids vif, soit 220 mᶟ/m².
    • La vitesse d’air : induite au niveau des volailles par les équipements de ventilation (circuits d’air, brassage), elle permet d’augmenter les pertes de chaleur par convection forcée et de ramener la température vécue par les volailles au plus près de leurs besoins. Ainsi au-delà de 0,2 m/s, une augmentation de la vitesse équivaut à une baisse de température ressentie de l’ordre de 1°C.

     

    Pour évaluer la situation de confort thermique des volailles dans le bâtiment d’élevage, il existe une équation dite de température efficace ET (ou température ressentie)

    Ainsi l’équation ET combine température, humidité et vitesse d’air.

    ET est égal à la température de l’air si l’humidité relative est de 50 % et la vitesse de l’air est de 0,2 ms.

    En situation de stress thermique chaud, si l’hygrométrie monte au-delà de 50%, le confort est dégradé et à l’inverse une vitesse d’air au niveau des volailles supérieure à 0,2ms est favorable car elle accélère les échanges entre l’animal et le milieu ambiant (température corporelle de 41°C environ)

    Par comparaison à l’index THI, la dépendance de la vitesse d’air est traitée comme un terme supplémentaire dans l’équation.


    En synthèse

    En synthèse, il est important de distinguer :

    • Le climat extérieur au bâtiment : les facteurs à prendre en considération pour déclencher une alerte coup de chaleur sont bien la température et l’hygrométrie. THI semble donc être un bon indicateur.
    • Le climat intérieur au bâtiment : à la température et l’hygrométrie, s’ajoute également la vitesse d’air au niveau des volailles (induites par le système de ventilation ou le brassage d’air). Dans ce cas, on parle de température efficace ET.

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