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Etre bien armé pour affronter la canicule en volailles de chair

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Les abords du poulailler, son orientation et son niveau d’isolation impactent au moment du coup de chaleur. L’aménagement des parcours et notamment les zones d’ombrage créées par les plantations apporte du confort aux volailles. Le choix du type de ventilation, son dimensionnement, ainsi que les équipements de refroidissement impactent fortement en bâtiment fermé.

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Comment aménager et entretenir les extérieurs du poulailler ?

L’orientation du bâtiment est primordiale, surtout si celui-ci fonctionne en ventilation naturelle statique. Dans ce cas, il faut veiller à ce qu’il soit correctement orienté par rapport aux vents dominants. Pour les bâtiments clairs à rideaux (de type Louisiane), ainsi que pour ceux équipés de fenêtres, les entrées de soleil par les ouvertures représentent une source de chaleur supplémentaire, pouvant provoquer des mortalités et des entassements dans les zones moins exposées. Il est nécessaire de bien veiller à ce qu’il n’y ait pas de rayonnement direct du soleil dans le bâtiment (toit à large débord, obturateurs).

L’utilisation de matériaux clairs permet de réfléchir le rayonnement solaire, et, par conséquent de limiter le réchauffement du bâtiment. De ce fait, il est important de bien nettoyer la toiture des mousses et lichens.

Le maintien d’un couvert végétal ras et dense à proximité du bâtiment permet d’éviter le rayonnement et de conserver un niveau d’humidité relative plus important et donc d’un air légèrement plus frais.

L’isolation : elle permet de lutter contre le froid mais aussi contre la chaleur. La toiture doit être particulièrement bien isolée pour lutter efficacement contre le réchauffement du bâtiment : un coefficient de conductivité thermique de 0.40W/(m².k) est préconisé (équivalent à 60mm de mousse de polyuréthane). Les jupes d’entrée d’air, si elles ont exposées au soleil, provoquent une élévation de la température de l’air entrant (si elles sont constituées d’un bac acier de couleur foncée, il est souhaitable de les isoler)


Quels rôles la ventilation joue-t-elle en situation de coup de chaleur ?

La ventilation doit permettre d’évacuer la chaleur, l’humidité et les gaz produits par les animaux et la litière. En situation de stress thermique chaud, elle doit aussi idéalement apporter de la vitesse d’air au niveau de la zone de vie, de façon à favoriser les échanges thermiques entre l’animal et l’air ambiant (minimum de 1m/s).

En bâtiment statique, c’est la combinaison de l’effet du vent et de l’écart de température entre l’intérieur et l’extérieur qui détermine le débit de ventilation et la vitesse de l’air à l’entrée. Si le vent est nul et que la température extérieure est très élevée, les débits de ventilation sont faibles. Dans ce cas, l’entrée d’air par les volets peut être complétée avec l’ouverture des portails en pignon (à proscrire en bâtiment dynamique fonctionnant en dépression). En ventilation statique, la position du poulailler, son orientation par rapport aux vents dominants, ainsi que les dimensions des ouvrants et la pente de toit impactent énormément. Les entrées et sorties d’air doivent être propres et sans obstacles. Des brasseurs peuvent être utilisés pour créer de la vitesse d’air au niveau des animaux. La difficulté d’utilisation de ces systèmes est d’obtenir un balayage total de la zone de vie des animaux. L’efficacité de ces équipements va dépendre du nombre d’appareils mais aussi de la puissance de chacun d’eux, du caractère oscillant et de leur répartition dans le bâtiment. L’homogénéité des vitesses d’air n’est pas indispensable mais un minimum de 1m/s est conseillé.

En bâtiment dynamique : Un renouvellement d’air réel de 5m3/kg vif/h, soit environ 200m3/m²/h est préconisé, ce débit maximum prenant en compte les pertes de charge liées à la pression. La capacité maximale de ventilation, la forme et la position des trappes, ainsi que la dépression à laquelle le bâtiment est soumis, vont impacter le circuit de l’air dans le bâtiment (vitesse obtenue au niveau des volailles et homogénéité sur la surface de vie). Pour régler un bâtiment en amont des coups de chaleur, il est  nécessaire de procéder à des essais en utilisant des fumigènes et en effectuant des mesures de vitesse d’air par anémomètre. Lorsque la ventilation est à pleine capacité, la vitesse de l’air à l’entrée varie selon le degré d’ouverture des trappes : plus elles sont ouvertes, moins élevée est la vitesse de l’air à l’entrée dans le bâtiment. La dépression est un bon indicateur de la vitesse de l’air à l’entrée : plus l’écart de pression entre l’intérieur et l’extérieur du poulailler est élevé, plus l’air rentre vite et plus la veine d’air est fine. Une lame d’air trop fine ou au contraire trop épaisse ne permettra pas de créer la vitesse recherchée au niveau des animaux sur toute la surface du bâtiment. Selon le volume intérieur du poulailler, la pente de la sous toiture, ou encore la hauteur et la forme des trappes d’entrée d’air, les réglages seront différents. Ces réglages doivent impérativement être effectués en amont du coup de chaleur, afin de ne perturber les volailles. En réalité, les vitesses ne peuvent jamais être semblables sur toute la surface du bâtiment. La ventilation longitudinale, dite « tunnel » permet de créer des vitesses relativement homogènes. L’air vicié est extrait en pignon, en général par des turbines. L’air neuf entre par le pignon opposé ou par des trappes situées sur les longs pans. La vitesse d’air est dépendante de la section du bâtiment (surface du pignon) et du débit d’air. Le calcul du débit à installer est réalisé selon cette formule :

D = (V x 3600) x S

(D=débit réel à obtenir en m3/h, V = vitesse recherchée en m/s, S = section du bâtiment en m²)

Ainsi, la surface du pignon d’un poulailler de 17 mètres de large, dont les longs pans font 2,4m de haut et la pente de toit de 30%  est d’environ 62m². Si la vitesse d’air maximale recherchée au niveau des volailles est de 1,2m/s, la puissance de ventilation à installer est de 268000 mᶟ/h.


Quelles sont les techniques de refroidissement utilisées en aviculture ?

Le principe de fonctionnement de tous ces matériels repose sur l’échange air-eau : pour passer de l’état liquide à l’état gazeux, un litre d’eau absorbe 678 watts à 25°C. Cette énergie est prise à l’air et entraîne une diminution de la température.

  • Les systèmes de pulvérisation : le principe de cette technique est de pulvériser l’eau en gouttelettes fines qui vont se vaporiser dans l’air. La vaporisation permet de rafraîchir sans mouiller la litière. Le temps de vaporisation de l’eau dépend essentiellement du diamètre de la gouttelette et de la vitesse d’air. Le dispositif de traitement de l’eau est essentiel afin d’éviter le colmatage des buses.
     
  • Les systèmes à basse pression (aspersion dans l’entrée d’air) : Dans un bâtiment en ventilation dynamique, les asperseurs se placent à l’extérieur, 60 à 80 cm à partir du bas des jupes. Une partie de l’eau est évaporée, l’autre partie tombe au sol. L’investissement est faible et permet de gagner 3 à 5°C suivant la pression d’eau qui peut varier de 3 à 5 bars selon le matériel. Il faut veiller à ce que le système ne mouille pas la litière. Ce type d’installation consomme des volumes d’eau importants au regard de son efficacité.
     
  • Les systèmes à haute pression (brumisation) : ces équipements permettent d’obtenir des tailles de gouttelettes plus fines (moins de 10 microns). La température peut être abaissée de 10°C lorsque l’air extérieur est suffisamment sec et les gouttelettes suffisamment fines. La pression d’utilisation peut varier de 25 à 70 bars (moyenne pression) et de 70 à 150 bars (haute pression). Le système se présente sous forme de rampes munies de buses qui s’installent dans la salle d’élevage dans le flux d’air entrant. En statique, des couronnes de brume peuvent être disposées au niveau des ventilateurs / brasseurs d’air afin de rafraîchir l’air soufflé sur les animaux. Le renouvellement d’air reste nécessaire afin d’évacuer la vapeur d’eau et ne pas arriver à saturation. Ce matériel nécessite un pilotage précis. L’installation fonctionne en séquentiel sur la base d’un temps de marche assez court (de l’ordre de 7 à 10 secondes), le temps d’arrêt diminuant selon la montée en température. Les débits de renouvellement d’air en ventilation dynamique peuvent être réduits, afin que la brumisation soit pleinement efficace (3m3/h/m² au minimum). L’installation doit être pilotée par le boîtier de régulation selon la montée en température et si l’hygrométrie intérieure monte dangereusement, la brumisation est arrêtée (au-delà de 70% avant 25 jours et au-delà de 75 à 80% ensuite).

Le pad-cooling (filtre humide) : généralement constitué d’un mur de cellulose placé à l’entrée d’air, d’une surface d’échange importante et dans lequel circule de l’eau. L’air passant au travers du pad est refroidi. Cet équipement nécessite plus de maintenance qu’une brumisation haute pression, mais si l’installation est bien dimensionnée par rapport au débit de ventilation et à l’objectif de baisse de température, elle est très efficace et peu sensible à la qualité de l’eau.

Le refroidissement doit être associé à une ventilation efficace afin d’évacuer la vapeur d’eau. Deux paramètres sont à prendre en compte :

L’augmentation du débit d’air : évacuation de la chaleur et de la vapeur d’eau, pratique préférentiellement utilisée en cours de lot car elle permet un meilleur maintien de la litière ou, en cas de chaleur humide (à hygrométrie élevée, temps orageux).

L’augmentation du débit d’eau : refroidissement maximum obtenu avec une hygrométrie élevée et avec un débit d’air réduit, pratique plutôt utilisée en fin de lot lorsque la charge animale est maximale et que la litière n’aura pas le temps de se dégrader.

 

Pour dimensionner un système de refroidissement, il faut évaluer la quantité d’eau à évaporer (diagramme de l’air humide)

La quantité d’eau à vaporiser dépend du débit de ventilation du bâtiment, du climat et de l’ambiance recherchée, pouvant être estimée à partir de la formule suivante :

E = (hsint – hsext) x D x 0,87

E = quantité d’eau à apporter en L/h

Hsint – hext = écart d’humidité spécifique

D = débit réel de ventilation en m3/h (D = surface bâtiment x chargement x 5 m3/h/kg PV)


Quelles précautions prendre en amont du coup de chaleur ?

Raccordement électrique : la puissance installée (ampérage au disjoncteur principal selon le contrat), ainsi que la section du câblage d’alimentation doivent être suffisants pour garantir un bon fonctionnement du matériel de lutte contre la chaleur.

Groupe électrogène de secours : vérifier qu’il est suffisamment puissant pour faire fonctionner l’ensemble des équipements et procéder régulièrement à des essais de fonctionnement

Sélectivité électrique : L’installation doit être conforme à la norme NF C 15-100 relative aux locaux humides présentant des risques d’incendie. Chaque groupe de ventilation sera protégé par un disjoncteur différentiel au moins.

Alimentation en eau (abreuvement et refroidissement) : si l’eau est chargée, il faut la filtrer et éventuellement la traiter afin d’éviter le colmatage des buses de refroidissement.

Alarme : elle doit permettre de prévenir l’éleveur d’un défaut du système (eau, électricité) ou d’une élévation anormale de la température. L’alarme ne doit absolument pas être coupée et des tests de bon fonctionnement doivent être pratiqués régulièrement (simulation de défaut de température, d’eau ou d’alimentation électrique)

Il est nécessaire d’habituer les animaux au fonctionnement des équipements “coup de chaleur” (extracteurs, ventilateurs, brume…). Il ne faut pas attendre le coup de chaud pour mettre en route ces équipements qui risqueraient de provoquer un stress et un mouvement de panique chez les volailles.

Les capteurs d’ambiance (température, hygrométrie et dépression) doivent être régulièrement contrôlés.

L’assurance coup de chaleur : renseignez-vous auprès de votre assureur pour connaitre les modalités de couverture (conditions climatiques, équipements requis, montant de la prime et franchise appliquée). Certaines organisations de production disposent également de caisses de péréquation qui permettent de compenser partiellement l’impact d’un coup de chaleur.

Les animaux :  les animaux à forte densité produisent beaucoup de chaleur et forment un tapis difficile à ventiler. En période chaude, un chargement important accroît les risques de mortalité et de baisses de performances du lot.

Il n’est pas toujours facile d'adapter la densité aux conditions climatiques, car le risque de coup de chaleur peut survenir sur toute la période estivale, voire au printemps.

La réduction de densité pourra varier en fonction de l’espèce élevée pendant la période chaude : la dinde est moins sensible que le poulet, par exemple.

L’acclimatation des animaux : un stress thermique au 5ème jour, pendant 24h, à une température comprise entre 36 et 40°C, améliore la résistance thermique des poulets lors d’un coup de chaleur qui interviendrait ultérieurement. Une autre méthode consiste à élever les animaux à partir de 15 jours d’âge, jusqu’à 35jours, à des températures supérieures de 2-3°C par rapport à la consigne habituelle, afin d’améliorer leur résistance à la chaleur.


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